Valentin

Vendredi 14 février 2014- 18h20
« Le trafic est interrompu ligne 8 suite à un accident grave de voyageur, les voyageurs sont invités à emprunter  les correspondances »

    Il s'est jeté sous la rame, station liberté, il n'a rien senti, il était déjà mort, mort dans l'âme , mort de peur : son cœur a lâché bien avant que son corps ne soit plus qu'une bouillie sanguinolente.
Les passagers sont consternés, une femme s'évanouit, une autre presse ses enfants tout contre elle, un homme vomit sur le quai, un autre regarde sa montre, il va rater son train.
    Les forces de l'ordre interviennent pour recueillir les premiers témoignages : meurtre ou suicide ? Les caméras de surveillance confirme qu'il s'agit bien d'un acte désespéré. Les pompiers arrivent à leur tour pour emporter ce qu'il reste de Valentin, 17 ans. Son corps est transporté à l'IML pour une autopsie réglementaire.
    Le médecin légiste, femme de caractère en a vu d'autres déchirés de la vie, prisonniers de leur souffrance celée derrière leur gueules d'anges. Elle ne peut réprimer un frisson, se met à lui parler avec une douceur infinie tout en incisant, prélevant, analysant, pour l'accompagner une dernière fois. Demain elle devra affronter le regard rongé de douleur, parfois chargé de remords des parents qui viendront reconnaître leur enfant. Quel gâchis, mais elle n'est pas là pour juger.

    Valentin n'ira pas ce soir à la fête des amoureux, flirter comme les jeunes de son âge et pourtant il aimait en secret. Il aimait d'un amour fou, d'un amour impossible, d'un amour interdit .
Un amour interdit disent les gens bien pensant, sans sagesse, est-ce qu'ils savent qu'ils disent « crime » mine de rien ?
    Valentin a trouvé le courage desespéré de brisé les chaînes du silence sous les rails du métro station « liberté ». Il a laissé un message, un message pour les gens bien pensant qui disent « crime » mine de rien.

« Qui je suis si demain je ne peux pas aimer au grand jour celui qui fait vibrer mon cœur d'une folle passion ? Je suis déjà condamné, vous m'avez déjà condamné. »

ANELYNE