Les rapaces

https://www.youtube.com/watch?v=L8wHteSOwW4

Mes lèvres sont scellées depuis si longtemps par le sceau d'un secret que je n'ose crier ma colère sans risquer d'être déchiquetée par des serres et des becs acérés. Je me tais, je me terre dans le silence, je m'enterre dans l'absence occultant ma conscience, je m'efface et disparaît dans l'oubli.

Mais voilà que ma pensée s'agite, mes doigts frémissent traversés par un flot de mots qui jaillissent, s'enchaînent et se déchaînent puis s'écoulent sans le vouloir jusqu'à la source de cette histoire.

Il plane au-dessus de nos plaines une ombre sombre. Les ailes des rapaces se sont déployées obscurcissant l'espace. Ils guettent nos faiblesses, nos détresses, à l'affût de l'instant propice et tout à coup fondent sur nous, asservissent nos esprits, lacèrent nos espoirs pour satisfaire leurs besoins et assouvir leur faim.

  Sur les plus hauts sommets ils se sont rassemblés : buses, faucons, vautours, condors, aigles dorés. Ils délibèrent dans les sphères supérieures, élaborent pendant des heures des plans pour préserver la pureté des aires sans jamais se soucier de leurs fientes puantes qui lâchées en plein vol asphyxient tous nos sols, sans jamais se soucier de laisser ça et là des carcasses à moitié dépecées, infestées de vermine grouillante qui souillent toutes nos plantes.

 Ils se prennent pour des sages mais sont tous effrayés d'être un jour démunis, d'être un jour déplumés. Sachant bien qu'à leur tour, proie ils pourraient devenir, ils pillent sans foi ni loi des richesses infinies, les amassent, les entassent et les cachent dans un coin de leur nid.

Ils se prennent pour des mages, dissimulent leurs actions, exactions, par des tours de passe passe et puis troquent tour à tour leurs potions et leur poudre de perlinpinpin, pour déjouer nos dessins, contrôler nos destins. Alors d'un coup de baguette magique, jettent des paillettes soporifiques sur nos cerveaux ensorcelés.

Qu'adviendra-t-il de notre terre si les vents en colère ne chassent pas ces volatiles délétères ?

Une ombre sombre plane au dessus de nos plaines, les ailes des rapaces se sont déployées...

Anelyne Avril 2016